Il y a quelque chose d'assez paradoxal dans le bilan de l'équipe Caisse d'Epargne en 2008 : son leader Alejandro Valverde achève certes l'année à la première place de l'UCI Pro Tour avec une collection impressionnante de victoires, de Liège-Bastogne-Liège au Dauphiné Libéré ; l'équipe récolte logiquement la première place au bilan de l'année avec 28 victoires. Mais il aura manqué à cette formation, héritière de Banesto, la performance qui transcende une saison : une victoire dans un Grand Tour. Le manager sportif de Caisse d'Epargne décrypte pour nous la stratégie élaborée pour 2009 : ce sera le va-tout sur le Tour de France.
UNE SAISON PLEINE ... SAUF EN JUILLET
Alejandro Valverde et ses coéquipiers ont été présents sur tous les terrains cette saison avec au palmarès cinq épreuves par étapes (Tour d'Andalousie, Tour de Murcie, Dauphiné Libéré, Eneco Tour, Tour de Burgos), des classiques (Paris-Camembert, Liège-Bastogne-Liège, clasica San Sebastian), les deux principaux titres aux championnats d'Espagne et des étapes au Tour de France et au Tour d'Espagne.
L'oeil d'Eusebio Unzue : «Avant de parler des résultats, je veux mettre en avant le comportement des coureurs. Ils ont toujours pris la responsabilité de la course. Ils ont couru pour gagner. Ensuite, les victoires sont là en quantité et en qualité. Si Alejandro Valverde a fait une grande saison, douze coureurs différents ont gagné. Gagner le classement du Pro Tour devant Astana et CSC, c'est quelque chose d'important. La grande déception, c'est de n'avoir été absent des podiums des trois Grands Tours.»
VALVERDE SACRIFIERA 2009 AU TOUR
Après avoir tenté de retarder son début de saison, Alejandro Valverde a démontré toutes ses qualités, s'imposant en puncheur à Liège-Bastogne-Liège, en rouleur-grimpeur sur le Dauphiné au point de débuter le Tour de France dans la peau du favori avec Cadel Evans. Sa victoire dès la première étape à Plumelec a montré son état de forme, confirmée par une deuxième place à Super-Besse (derrière Riccardo Ricco). Il finira finalement à la 9e place à 7'12'' de Carlos Sastre. Même déception sur la Vuelta, conclue à la 5e. Pas de quoi briser ses certitudes : «Mon idée est de me préparer spécialement pour le Tour», annonce-t-il déjà.
L'oeil d'Eusebio Unzue : «Gagner encore le Dauphiné Libéré ou une classique de plus, cela ne va pas bouleverser son palmarès. Il peut gagner dans toutes les configurations : au sprint, en côte, en contre-la-montre, des courses par étapes. Nous sommes sûrs qu'il est capable de monter sur le podium du Tour. Il en rêve . Nous n'allons pas freiner ses ambitions. Cela vaut la peine d'essayer, de sacrifier cette année et de voir le résultat. Cette année, une seule mauvaise journée l'a empêché d'être sur le podium du Tour. L'an prochain, nous allons éliminer tous les objectifs antérieurs pour qu'il arrive dans les meilleures conditions au départ du Tour.»
LA PLUS FRANÇAISE DES ÉQUIPES ESPAGNOLES
Si Caisse d'Epargne change d'ambitions, l'effectif de la formation espagnole reste assez stable, avec quatre départs (Joan Horrach, Vladimir Karpets, Fabien Patanchon, Jose Rujano). Pas de recrutement fracassant puisque l'équipe fait le pari de la jeunesse en faisant signer quatre coureurs de moins de 25 ans, dont le Français Arnold Jeannesson, formé chez Auber 93. Sa signature confirme la touche française de la formation espagnole : il rejoindra Anthony Charteau, Arnaud Coyot, Matthieu Drujon, Mathieu Perget et Nicolas Portal. Alejandro Valverde pourra aussi compter sur le retour d'Oscar Pereiro, victime d'une fracture de l'humérus lors du Tour de France. L'ancien vainqueur du Tour retrouvera la compétition lors du Tour Down Under, en janvier.
L'oeil d'Eusebio Unzue : «La signature d'Arnold Jeannesson confirme le caractère semi-français de l'équipe. Cela correspond à une attente de notre sponsor et cela a une influence sur notre calendrier : Paris-Nice et le Dauphiné Libéré seront très importants. Alejandro Valverde va se concentrer sur le Tour de France mais nous avons les coureurs pour les autres courses : Dani Moreno et Joaquin Rodriguez peuvent faire quelque chose sur les classiques. Nous avons deux sprinteurs, Joaquin Rojas et Mathieu Drujon, qui peuvent gagner quelques courses. Nicolas Portal est déjà un grand coéquipier mais j'aimerais qu'il soit plus ambitieux au niveau personnel.»