Date de signature : Lundi 13 Juillet 2009
Ancien club : Rennes
Ancien club : Rennes
L’OM n’a pas mis 12 millions d’euros sur un illustre inconnu. Stéphane M’Bia, 23 ans, international camerounais (12 sélections, 3 buts) et surtout déjà plus de 100 matchs en Ligue 1 (105 précisément). Le longiligne joueur (1m88, 78 kg) n’a pourtant découvert l’élite française qu’en 2005.
« Chip-chop » se fait remarquer au Mondial
Auparavant, celui qui a grandi avec ses six frères et sœurs dans le quartier de Bieyem-Assi à Yaoundé a fait ses classes d’apprenti footballeur à l’académie d’Ecofoot avant de rejoindre la Kadji sports Academy de Douala qui a notamment vu passer dans ses rangs un certain Samuel Eto’o. Le garçon est doué, techniquement (il est surnommé « Chip Chop » pour un enchaînement poitrine-extérieur du pied qu’il a inventé et qu’il affectionne) et physiquement (son modèle est l’ancien milieu de terrain camerounais Marc-Vivien Foé).
Le destin de Stéphane M'Bia Etoundi - son nom complet - va en fait basculer en 2003 alors qu’il n’a encore que 17 ans. Il est en effet sélectionné chez les Cadets de l’équipe nationale du Cameroun pour participer au Mondial en Finlande. C’est là qu’il se fera remarquer par les nombreux recruteurs présents sur place. Plusieurs grands clubs tentent alors de l’attirer chez eux, comme le Milan AC, Lyon ou d’autres clubs français, mais le jeune joueur surprend en choisissant Rennes.
Une destination mûrement réfléchie : "J’ai décidé de rejoindre le club breton car il fait confiance aux jeunes" dit-il. Le dépaysement ne fait pas peur à M’Bia qui débarque en Bretagne gonflé à bloc. "J’avais la rage de réussir. Je l’ai toujours d’ailleurs. Mon objectif en arrivant à Rennes était de devenir pro et de réussir dans ce club". Sinon, s’il n’avait pas réussi dans le foot, il se serait bien vu avocat. M’Bia, c’est donc avant tout une forte personnalité.
Joueur polyvalent et précoce
Son caractère bien trempé lui permet très rapidement de s’imposer en CFA avec l’équipe réserve rennaise et même, de connaître à 18 ans les joies d’un premier match en Ligue 1. En février 2005, le coach rennais Laslo Bölöni le fait rentrer en fin de match lors d’un Rennes-Nice. Il se positionne milieu gauche, lui qui se considère comme un joueur offensif. Mais les dirigeants bretons le voient davantage un cran plus bas : "On m’a proposé de reculer en me disant que je deviendrais un très bon milieu récupérateur grâce à mon physique et à ma technique".
Sa première titularisation en Ligue 1, en septembre 2005 à Lens, il la connaîtra au poste… d’arrière droit ! Cette polyvalence lui permet néanmoins d’accumuler un temps de jeu conséquent pour son âge. Dès sa première année en tant que pro à Rennes (2005-2006), il joue 22 matchs dont 18 en tant que titulaire. Il découvre également l’Europe avec la coupe UEFA.
A l’intersaison (où M’Bia est courtisé par des clubs espagnols et anglais), Pierre Dréossi remplace Boloni à la tête de l’équipe rennaise. "Bölöni m’a forgé mon caractère, il m’a appris la culture de la gagne" note M’Bia. Ce remplacement ne change rien pour M’Bia qui continue à être un titulaire régulier du onze breton, si ce n’est qu’il évolue désormais en défense centrale, au côté de John Mensah. Cela ne l’enchante guère mais ses prestations sont convaincantes : "Je n’apprécie pas ce poste, je ne me sens pas à l’aise. Idéalement, c’est milieu offensif" clame-t-il.
M’Bia conclu la saison avec 30 matchs (23 titularisations) et un premier but en Ligue 1, inscrit contre Lyon, ainsi qu’une première sélection en Equipe nationale du Cameroun en mai 2007 où il évolue d’ailleurs au milieu de terrain.
M’Bia calme-toi !
Il retrouvera ce poste avec Guy Lacombe qui remplace Dréossi au cours de la saison 2007-2008. Associé à un autre jeune Rennais, Fabien Lemoine, il se montre efficace à la récupération grâce à son gros volume de jeu, dans un style très athlétique, parfois trop. "Je dois encore m’améliorer dans la vision du jeu et marquer plus de buts. Et si je pouvais prendre moins de cartons jaunes..." C’est en effet son vilain défaut. En moyenne M’Bia reçoit près de 7 cartons jaunes par saison et a déjà été expulsé à deux reprises, dont une notamment contre l’OM en janvier 2008 après un tacle grossier sur Samir Nasri dès la 40e minute de jeu !
Sur le terrain, le joueur a parfois tendance à se disperser ou n’arrive pas toujours à se canaliser. Pour ses adversaires, c’est un vrai poison. M’Bia en a agacé plus d’un. Rappelez-vous l’affaire Milan Baros : l’attaquant tchèque de Lyon s’était plaint d’une manière peu élégante du marquage serré du Camerounais. Plus récemment, M’Bia a subi les foudres de Frédéric Antonnetti, l’ex coach niçois aujourd’hui… rennais, qui avait publiquement stigmatisé ses nombreuses fautes pendant le match.
Qu'on se le dise, M’Bia n’est pas un saint sur le terrain, mais en dehors, il montre un tout autre visage. Malgré son jeune âge et sa notoriété à peine naissante, il est déjà à l'origine de plusieurs organisations caritatives avec notamment un match de gala au Cameroun pour sensibiliser les jeunes face au Sida ou encore une série de dons pour des hôpitaux, toujours dans son pays natal qu’il n’a pas oublié.
Bras de fer avec Rennes
Il rentrera dans les cœurs des Camerounais surtout lors de la CAN 2008 au Ghana où il inscrit un doublé victorieux en quart de finale contre la Tunisie. À l’issue de la compétition (le Cameroun est finalement battu en finale), M’Bia est élu dans l’équipe type de la CAN. Il sera également classé 2e meilleur espoir africain de l’année 2008, derrière Salomon Kalou. Auteur d’une énorme saison, il attire par conséquent de plus en plus les convoitises.
Lors de l’été 2008, Everton fait une offre de plus de 8 millions d’euros à Rennes pour le recruter. M’Bia est séduit et veut dès lors absolument franchir la Manche. Mais il se heurte au refus catégorique de ses dirigeants avec lesquels il entame un bras de fer qui durera un mois. Le joueur part alors aux JO de Pékin avec le Cameroun. A son retour, le conflit se règle : "Je reste cette année parce que j’entretiens de bonnes relations avec le club. L’année prochaine, peut-être, je voudrai aller plus loin dans ma carrière. Mais je dois respecter Rennes, ils m’ont donné l’opportunité de devenir le joueur que je suis". M’Bia prolonge son contrat d’un an (jusqu’en 2011) avec une revalorisation salariale et la promesse d’un bon de sortie l’été prochain.
Sa dernière saison à Rennes malgré quelques blessures reste convaincante avec 27 matchs pour autant de titularisations en Ligue 1. Comme promis, Rennes accepte son départ. Everton revient naturellement à la charge avec une offre de 12 millions d’euros sur laquelle l’OM finira par s’aligner pour convaincre le joueur et son club d’accepter un transfert vers la cité phocéenne. Apprécié par José Anigo et Didier Deschamps pour son style de jeu à la récupération et son fort caractère, M’Bia devra remplacer le très certain ex-capitaine olympien Lorik Cana. De quoi mettre beaucoup de pression sur ce jeune joueur qui semble néanmoins avoir un mental d’acier et les épaules assez larges.
Source : Lephoceen.fr